Vrai ou faux sur les agressions sexuelles

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Les agressions sexuelles, on en entend parler, mais souvent à travers des clichés et des idées reçues. Pas facile de s'y retrouver... Dans cet article, on démêle le vrai du faux sur ce sujet sensible et on brise les mythes qui l'entourent.

À retenir

👉 Oublie les clichés du genre "les gars ne se contrôlent pas" ou "les filles doivent se débattre". Les agressions sexuelles sont une question de pouvoir et de consentement, pas de force physique ou de pulsions incontrôlables.

👉 Plus de 80% du temps, la victime connait son agresseur. Cela rend la situation encore plus difficile et explique pourquoi beaucoup n'osent pas en parler.

👉Il n'y a pas de "petite" ou de "grande" agression. Tout acte à caractère sexuel non consenti est grave et peut avoir de lourdes conséquences. Si tu as été victime, il est important d'en parler et de demander de l'aide.

 

 

Mythe ou réalité?

Les gars ont des besoins, pulsions et des désirs sexuels qu’ils ne peuvent pas contrôler

Faux! En réalité, les filles comme les gars ont des envies, des pulsions sexuelles et du désir sexuel. Ce qui change, ce sont nos attentes face à la gestion des pulsions, liées aux stéréotypes sexuels véhiculés dans la société. Ces attentes sont influencées par des mythes comme: les gars ont toujours envie de sexualité, ils doivent avoir des relations sexuelles pour apaiser leurs envies, les filles ont moins envie, les pulsions des gars sont plus fortes qu’eux, etc. Tout ça, c’est faux! Ce qu’il faut retenir c’est que tout le monde est capable de se contrôler, que l’agression sexuelle est une question de pouvoir ou de contrôle sur l’autre - et non pas une question d’excitation trop forte, ni un manque de contrôle sur nos pulsions sexuelles. Nous avons tous le choix d’agir sur nos pulsions, nos désirs et nos envies ou non, parce qu’on reste responsable de nos gestes!

Les victimes connaissent souvent leur agresseur

Vrai! C’est un mythe de croire que les agressions sexuelles se déroulent seulement dans une ruelle sombre la nuit et sont commises par des inconnus. Dans plus de 80% des cas, les agresseur.euse.s sont proches de la victime : un.e ami.e.s, un.e professionnel.le, une personne en autorité, un.e voisi.e, un membre de la famille, un.e conjoint ou une connaissance, sans distinction de religion, d’origine, de sexe, d’âge, d’orientation sexuelle ou de classe sociale. Comme l’agresseur.euse est connu.e, c’est souvent pourquoi la dénonciation est difficile: on peut avoir des sentiments mitigés par rapport à cette personne qu’on aime ou en qui on avait confiance, mais qui nous a aussi fait du tort, cette personne peut être aimée et estimée de notre entourage, on peut hésiter à dénoncer par crainte des conséquences sur nous et sur l’autre, etc. Les agresseur.euses connaissent leur victime et donc, connaissent leurs vulnérabilités (ex : iels savent comment nous faire sentir coupable et garder le secret).

Toutes les victimes se débattent, repoussent leur agresseur.euse et disent « non »

Faux! Une agression sexuelle, c’est un enjeu de pouvoir (sentir qu’on a le contrôle sur l’autre), ce n’est pas un simple rapport de force physique. On peut même être plus fort physiquement ou plus grand que l’autre personne et être victime d’une agression sexuelle. Il faut savoir que les personnes qui agressent utilisent souvent des stratégies comme la manipulation, le chantage et la menace plutôt que la force physique pour arriver à leurs fins. Sache aussi qu’il est commun de ne pas se débattre parce que plusieurs personnes figent sous l’effet de pression ou de menace ou parce qu’ils n’ont pas conscience sur le moment qu’ils sont en train de vivre une agression sexuelle; c’est d’autant plus vrai quand celle-ci est commise par quelqu’un qu’on aime.

Ça arrive souvent qu’il y ait de fausses accusations d’agression sexuelle

Faux! Les fausses accusations sont inacceptables, car elles peuvent avoir de grandes conséquences sur la personne faussement accusée et participent à discréditer la parole des victimes. Cependant, elles représentent un infime pourcentage sur l’ensemble des agressions commises et par rapport aux vraies accusations. Ce mythe participe malheureusement à mettre en doute la parole des victimes et à donner plus de pouvoir au présumé agresseur, alors qu’on sait que, statistiquement parlant, une personne qui dit avoir été agressée sexuellement dit vrai. Croire la victime est toujours la bonne chose à faire.

Toutes les agressions sexuelles sont graves

Vrai! Socialement, c’est trop souvent le degré de violence pendant le crime qui sert à déterminer ce qui sera considéré comme une «vraie» agression sexuelle, la pénétration forcée étant considérée comme l’agression sexuelle la plus «grave». Sache qu’on ne peut pas comparer la gravité d’un geste à la souffrance qui peut en découler. Ce type de mythe minimise l’impact que peuvent avoir certains gestes comme l’exhibitionnisme, les attouchements, le harcèlement et autres sur la victime. Tous les types d’agression causent de la souffrance chez la victime et ne devraient pas être pris moins au sérieux. En plaçant certaines agressions comme «plus graves» ou «moins graves», on sous-entend souvent aussi que si ça avait été une «vraie» agression et que ça avait causé beaucoup de tort à la victime, elle n’aurait pas hésité à dénoncer. Garde en tête qu’il n’y a pas une agression plus grave qu’une autre et ce sont plutôt les mythes, les préjugés et les tabous qui culpabilisent les victimes et font en sorte qu’elles hésitent à en parler.

La personne dit non sur le coup, mais dans le fond c’est oui

Faux! C’est un message souvent véhiculé dans les médias: on nous donne l’impression qu’à force d’insister, on démontre notre intérêt réel pour l’autre et la personne qui nous intéresse finira par accepter d’avoir un comportement sexuel, une relation sexuelle, d’être en couple/de nous fréquenter, etc. En réalité, il s’agit plutôt d’un signal d’alarme: lorsqu’une personne n’accepte pas un refus ou une incertitude, ça devrait nous inquiéter plutôt que de nous charmer, car elle ne respecte pas notre consentement. En résumé, insister n’est pas une preuve d’amour et un «non» (verbal ou non verbal) doit toujours être respecté.

Les femmes commettent aussi des agressions sexuelles

Vrai! Il est vrai que les statistiques démontrent que la majorité des agressions sont commises par des hommes, mais les femmes peuvent également en commettre. En fait, en raison des mythes et préjugés véhiculés dans la société, certains gestes commis par des femmes ne sont pas reconnus comme des agressions, cela ferait donc en sorte que les agressions commises par les femmes seraient moins dénoncées. Toute personne peut commettre du harcèlement ou des agressions sexuelles envers une autre personne et c’est important que ce soit pris au sérieux.

Si une victime retourne vers son agresseur, c’est qu’elle était consentante au fond.

Faux! Il peut y avoir plusieurs raisons pour laquelle une personne retourne vers son agresseur.euse, que ce soit à cause du lien d’attachement (amoureux, familial ou amical), des bénéfices de la relation (la personne me donne de l’attention, m’offre des cadeaux, m’aide à gérer d’autres problèmes dans ma vie), de la peur, des menaces, de la manipulation, de la culpabilité, etc. Ce n’est donc pas parce qu’une victime retourne voir son agresseur.euse que c’est parce qu’il ne s’agissait pas d’une agression ou qu’elle est en accord avec le mal que l’autre personne lui a fait. Ce qu’elle t’a fait demeure inacceptable peu importe que tu sois retourné.e vers ton agresseur ou non.