Utilisation des écrans à l’adolescence

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En tant que parent, nous nous posons beaucoup de questions sur l’utilisation des médias numériques de nos ados. Est-ce que le nombre d’heures passées en ligne est trop élevé? Est-ce que mon jeune est cyberdépendant? Peu de jeunes sont cyberdépendants, mais ils peuvent faire une utilisation excessive des médias numériques. D’autres peuvent y passer beaucoup de temps, tout en ayant aussi de nombreuses activités à l’extérieur de leur utilisation.

Utilisation des technologies et bien-être

Les études ne s’entendent pas: on ne peut affirmer qu’une plus grande utilisation des technologies diminuera le bien-être de l’adolescent ou adolescente, ni que la diminution du bien-être entraîne une plus grande utilisation des technologies. Il faut donc porter attention à des critères un peu plus larges pour voir comment la technologie influe sur la vie de notre jeune, et plutôt nous questionner sur les façons dont il fait usage de la technologie dans son quotidien.

 

Chez les adolescentes et adolescents, l’usage excessif ET la non-utilisation complète des médias numériques peuvent être associés à des effets négatifs. Cela dépend de chaque jeune. Un usage modéré, par contre (entre deux et quatre heures par jour), est lié à certains bienfaits cognitifs et psychosociaux.

 

Cyberdépendance ou usage excessif?

Le fait que votre jeune passe plusieurs heures devant différents écrans ne signifie pas automatiquement qu’il en est dépendant.

 

L’omniprésence des médias dans la vie des jeunes ainsi que le grand besoin de contrôle qu’ils éprouvent à l’adolescence les amènent souvent à passer de nombreuses heures devant les écrans. Ainsi, un jeune peut en arriver à s’isoler, à négliger ses travaux scolaires, à refuser de participer à la vie familiale et à adopter des comportements qui déplaisent aux parents.

 

En revanche, la cyberdépendance est un phénomène plutôt rarissime qui touche seulement un très faible pourcentage de jeunes.

 

On parle de cyberdépendance lorsque:

  • L’obsession d’un jeune pour un jeu l’empêche de fonctionner au quotidien.
  • Il néglige son hygiène corporelle au profit du monde virtuel.
  • Ses relations avec le monde réel se dégradent.
  • Il ne peut s’empêcher de jouer même s’il considère lui-même que son comportement est problématique.

 

Seuls une professionnelle ou un professionnel de la santé peuvent déterminer s’il s’agit de cyberdépendance. Dans le doute, il vaut mieux consulter que de demeurer aux prises avec de nombreuses inquiétudes.

 

Quelques mythes sur l'utilisation des écrans

Les amitiés en ligne sont fausses

FAUX. Même s’il est très important de garder un équilibre de vie en ligne et hors ligne, des études démontrent que l’amitié est la principale source de motivation incitant les ados à être en ligne: entretenir et développer ses amitiés quotidiennement, échanger sur des sujets plus intimes, se faire de nouveaux amis et nouvelles amies. Ces échanges plus étroits peuvent favoriser le sentiment d’appartenance, besoin fondamental à l’adolescence, et donner un sentiment de validation et de compréhension par les pairs et d’obtenir du soutien social en ligne.

 

Les écrans isolent

FAUX. Si l’utilisation est faite avec équilibre, elle peut encourager les jeunes plus timides ou socialement anxieux à se révéler auprès de leurs camarades et les aider à se prouver qu’ils ont les capacités pour entrer en relation et ainsi favoriser leur estime de soi. Il pourrait donc être nocif de couper à ces jeunes toute communication en ligne. Toutefois, il est bien d’être attentif à ce que le jeune vit en ligne et de l’aider à transposer ses comportements sociaux gagnants à l’école, par exemple, ou dans des activités parascolaires hors ligne.

 

Les jeux vidéo n’ont que des effets négatifs

FAUX. L’utilisation des jeux vidéo peut avoir plusieurs bienfaits pour le développement de l’ado: à court terme, elle peut entraîner certaines habiletés cognitives comme l’attention et la capacité de résolution de problèmes. Attention, toutefois: ces effets sont positifs si le jeune bénéficie aussi d’autres sources de stimulations et que son attention, sa mémoire et ses apprentissages ne proviennent pas uniquement des jeux vidéo.

 

S'impliquer: un élément-clé

Souvent, l’utilisation des technologies est une source de conflit entre parents et ados, et ce, pour plusieurs raisons: incompréhension, sentiment d’impuissance du parent, impact sur la vie familiale, inquiétudes pour le développement du jeune…

 

Il est tout à fait normal de nous inquiéter et d’avoir l’impression de ne pas tout connaître de la vie en ligne de notre jeune. C’est la raison pour laquelle il faut nous impliquer et nous intéresser en tentant d’en comprendre les intérêts et les bienfaits pour notre jeune. Gardez en tête les éléments à surveiller pour vous assurer d’offrir une supervision saine à votre ado et de le sensibiliser à quelques risques potentiels. Vous pouvez aider votre jeune à développer son jugement critique et son auto-évaluation de sa propre utilisation… un outil qui lui sera utile toute sa vie, puisque la technologie fera partie de sa vie pour toujours.

Se mettre à la place de son jeune

De nos jours, le monde numérique a une grande influence sur des étapes cruciales de l’adolescence (p. ex.: les liens sociaux, le développement de l’identité, l’exploration du monde en dehors de la cellule familiale et l’acquisition de l’autonomie.) Ce n’est donc pas un caprice pour une adolescente ou un adolescent d’utiliser les médias sociaux ou de vouloir rester connectée ou connecté. Rappelons-nous le temps que nous pouvions passer au téléphone à échanger avec des amis quand tout cela n’existait pas!

Vie en ligne et vie hors ligne

Pour éviter que notre ado vive l’utilisation des technologies en s’isolant ou en s’excluant de toute vie sociale hors ligne, il est important de comparer les vies en ligne et hors ligne de notre jeune. Est-ce qu’il utilise les réseaux sociaux pour prétendre être quelqu’un d’autre, ou est-ce qu’il fait une utilisation authentique de son identité? Est-ce qu’il entretient ses relations hors ligne autant qu’en ligne?

En parler avec son jeune

Il n’est pas toujours évident de parler technologies et temps d’écran avec notre jeune. Soyons prudents et évitons de tenir un discours qui démonise les écrans et qui valorise seulement la «vraie vie». Cela risquerait de ne pas trouver d’écho auprès du jeune, qui évolue dans un monde où ces deux réalités sont interreliées et où la ligne qui les délimite est mince. Ce monde leur donne des outils multiples pour communiquer, apprendre, et évoluer. Oui, le parent a un rôle crucial pour que son jeune utilise ces nouveaux outils avec équilibre et discernement, mais il peut être utile de ne pas banaliser les moments qu’il vit en ligne, de le questionner sur sa vision de son utilisation, ses avantages et inconvénients, de lui montrer les enjeux positifs et négatifs, sans jugement. Le rôle du parent, comme pour tout autre sujet, est de l’accompagner dans sa réflexion, de lui offrir un cadre sécurisant, de le guider dans sa recherche d’informations.

Les émotions de l’ado

Il est important de nous questionner sur les émotions de notre ado, en dehors de l’utilisation des écrans, mais aussi pendant et après celle-ci. Ce qui reste primordial, c’est de nous demander si notre ado se réfugie dans les écrans pour fuir une difficulté (dans ce cas-ci, nous pouvons tenter de trouver une autre solution plus adaptée pour l’accompagner dans la ses émotions). Nous pouvons aussi nous demander si l’utilisation des écrans l’amène à ressentir plus de tristesse et d’anxiété, par exemple, ou si elle affecte ses comportements et ses interactions avec les autres, et si les contenus qu’il consulte semblent envahissants suite à l’utilisation. N’hésitez pas à observer les émotions et les comportements de votre jeune par rapport à son utilisation des écrans, et à garder le dialogue ouvert sur ce sujet.

Niveau de maturité

À l’adolescence, il arrive que les jeunes ne mesurent pas les conséquences de certains de leurs comportements. Cela peut les amener à prendre des risques en ligne: dévoiler des informations personnelles, prendre contact avec des inconnus ou afficher ses coordonnées. Il est donc important d’avoir cette discussion franche avec votre jeune. Vous pouvez même présenter différents cas de figure et faire des mises en situation pour en discuter ensemble.

Se questionner sur sa propre utilisation

Il est intéressant de nous questionner, comme adulte dans la maison, sur notre propre utilisation des technologies. Si nous imposons des règles à nos jeunes (p. ex.: pas de cellulaire à table), est-ce que nous respectons nous-mêmes ces règles? Une application cohérente des règles par tous les membres de la famille peut montrer au jeune qu’elles sont imposées selon des motifs et des fondements valables pour tout le monde.

LigneParents vous propose d’autres pistes pour promouvoir une utilisation saine des technos

Source: Société Canadienne de pédiatrie, groupe de travail sur la santé numérique, Ottawa (Ontario)