L’adolescence, tsunami émotionnel et cognitif

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L’adolescence est la période de tous les changements, de toutes les évolutions : on quitte doucement l’enfance et on entrevoit l’âge adulte au loin, là-bas. Si ces changements sont souvent apparents en raison de la puberté, on oublie trop souvent que ça brasse aussi beaucoup au niveau des fonctions cognitives de notre jeune, ces fonctions du cerveau qui lui permettent de communiquer, percevoir son environnement, se concentrer, prendre des décisions, etc. On fait le point.

Qu’on se le dise : à l’adolescence, ça bouge dans le cerveau! Il traite des données de plus en plus complexes, peut intégrer des concepts nouveaux, et les connexions neuronales se font plus rapidement. Ça brasse!

Bonne nouvelle, vous dites-vous? Certainement. Mais cela signifie aussi pour votre jeune l’apparition de nouveaux questionnements qui ne l’auraient jamais effleuré pendant l’enfance, du type qui suis-je dans l’Univers, pourquoi j’existe, que va devenir le monde, et autres légèretés.

 

Un Work in Progress à respecter

 

Bien que les adultes soient toujours les premiers à pointer du doigt ce que les jeunes ne font pas, ou pas comme il faut, reste que les fonctions exécutives des ados connaissent une très nette amélioration par rapport à l’enfance : organisation, planification, anticipation des conséquences, prise de décision… Votre jeune s’améliore de jour en jour, au fur et à mesure de ses péripéties adolescentes - rupture, conflit, déception amicale et autre événement marquant de cette période charnière.

 

Il est donc important, en tant qu’adulte, de faire preuve de patience, et d’accepter les inévitables essais-erreurs de votre ado.

 

Les réactions impulsives peuvent par exemple constituer un défi plus important pour votre jeune, pour qui la recherche de gratification et de plaisir immédiats reste très forte. Concrètement, il se peut donc que certaines décisions soient plus difficiles à prendre pour elle ou lui que d’autres : passer une heure sur TikTok ou une heure à étudier? Aller au repas de famille du dimanche ou au parc avec les ami.e.s?

 

Autre défi de taille pour les ados : anticiper les conséquences de leurs actes.

 

Se projeter, penser à ce qui pourrait arriver… Ce n’est pas encore quelque chose de naturel à ce stade de leur développement. Et ça l’est encore moins si l’acte en question est posé dans un contexte de forte stimulation sociale ou émotionnelle. Ainsi donc, c’est possible que votre jeune ait de la misère à savoir s’arrêter de boire dans un party, à prendre une décision éclairée sous le coup de la colère ou de la tristesse, ou encore à imposer une protection lors de son premier rapport sexuel.

 

Comme parent, vous gagnez donc à sensibiliser votre ado aux dangers potentiels, à l’amener à se responsabiliser face aux conséquences de ses actes et à l’encourager à explorer dans un certain cadre. Ce cadre, vous seul.e êtes en mesure de l’évaluer et de l’instaurer: vous connaissez votre enfant, vous vous connaissez aussi. Essayez toutefois de garder en tête que plus on dit à un.e jeune de ne pas faire quelque chose, plus il ou elle aura envie de braver cet interdit: il est donc toujours intéressant (et gagnant) pour vous de garder une posture d’ouverture face aux envies de votre ado.

 

Comme nous le mentionnions plus tôt dans l’article, les adolescent.e.s carburent à l’immédiateté et à la reconnaissance. Et comme vous l’aurez également compris, il est peut-être irréaliste de s’attendre à ce qu’ils et elles trouvent la bonne volonté intrinsèque pour faire certaines choses. Alors pourquoi pas tourner ces deux réalités à votre avantage en encourageant votre ado à appliquer certains comportements en le récompensant par de la reconnaissance? Cela peut prendre toutes sortes de formes, selon vos valeurs familiales: privilège, moment de qualité passé ensemble, argent de poche, souligner les bons coups... La motivation finira par venir d’elle-même, mais vous pouvez lui donner un coup de pouce.

 

Les choses vont finir par se placer; en attendant, maintenez votre vigilance, tout en gardant une posture ouverte et disponible : votre ado est en développement, c’est le temps de l’accompagner lorsqu’il ou elle se lance et ose tester de nouvelles choses!

 

Des émotions à fleur de peau

 

Une chose que vous avez certainement pu observer chez les ados, c’est leur incroyable égocentrisme. Leurs besoins doivent être comblés dans la minute, leurs drames sont les plus graves au monde, et gare à l’adulte qui leur dira que ''ça va là, ça va passer, reviens-en''.

 

Cet égocentrisme ne doit pas être confondu avec du narcissisme; en effet, on parle au sens cognitif du terme, donc de la place de l’autre, de son jugement et de son regard sur nous. À l’adolescence, on y est tout simplement beaucoup plus sensible. Par exemple, contrairement à l’enfant qui agit sans se soucier de son image, l’ado est désormais capable d’imaginer ce que les autres pensent de lui ou d’elle. Pas étonnant donc que l’on observe chez les ados une certaine intensité pour tout ce qui concerne leur personne et une conscience de soi excessive.

 

Non seulement ils et elles ont l’impression que tout le monde les regarde et les entend (alors que c’est rarement le cas), mais nos ados ont également le sentiment d’être les personnes les plus incomprises sur Terre. Si uniques, si différent.e.s, ils et elles vivent des affaires que nous serions bien incapables d’essayer de comprendre.

 

Ici encore, votre patience est de mise : certaines décisions (quoi porter pour aller à l’école ce matin) pourraient être plus dures à prendre que vous le pensez, et mieux vaut apprendre à composer avec cette réalité – temporaire. Après tout, vous souvenez-vous de la dernière fois que vous avez vécu autant de changements physiques, physiologiques, émotionnels et psychologiques à la fois?

 

Essayez de faire preuve d’indulgence, tant que possible : votre ado fait face à une foule de défis simultanés, à vous de l’aider des opportunités d’apprentissage.