Peine d’amour

Il n’est jamais facile de traverser une rupture amoureuse. Cela sera d’autant plus difficile pour une adolescente ou un adolescent qui la vit pour la première fois. N’ayant pas de repère, elle ou il peut vivre une grande souffrance et penser ne jamais s’en libérer.

La peine d’amour est accompagnée de beaucoup d’émotions : une réelle sensation de douleur, des sentiments d’abandon, de peur ou de vide; une perte de concentration, d’énergie ou de motivation; une perte d’espoir; des changements de l’appétit ou du sommeil; une grande fatigue. Tout cela est normal, bien que souvent inquiétant pour les parents.

La peine d’amour : un deuil en plusieurs étapes

Une peine d’amour est souvent vécue comme un deuil. En effet, perdre quelqu’un que nous aimons, c’est vivre le deuil de ce que nous aimions chez l’autre, c’est faire le deuil des projets ou des rêves que nous avions avec cette personne, d’un certain statut dans le groupe d’amies et d’amis, de certaines habitudes comme l’appeler tous les soirs, etc.

Comme pour tout deuil, l’adolescente ou adolescent qui vit une peine d’amour traverse habituellement différentes étapes et émotions.

La négation

Elle ou il refuse de croire que c’est fini ou ne parvient pas à comprendre ce qui lui arrive ou pourquoi cela arrive. Elle ou il peut être en état de choc et tout peut être confus dans sa tête et dans son cœur.

La colère

Une fois le choc passé, l’adolescente ou adolescent vit beaucoup de colère, de sentiments d’injustice et d’incompréhension. Cette rupture peut aussi être vécue comme une trahison ou un abandon. C’est bon signe habituellement, car la colère aide à faciliter le détachement par rapport à la personne aimée.

La culpabilité

C’est l’étape des regrets où l’adolescente ou adolescent peut croire qu’elle ou il a tous les torts et vouloir marchander en promettant à l’autre de changer. Elle ou il peut idéaliser la personne aimée et garder espoir que celle-ci revienne.

La tristesse

La tristesse peut envahir l’adolescente ou adolescent, qui peut ne plus avoir le goût de vaquer à ses activités quotidiennes. Elle ou il peut alors réaliser que sa relation amoureuse est bel et bien terminée et le sentiment de perte ressenti alors peut l’amener à pleurer: un peu, beaucoup, devant vous, en cachette et, parfois, en silence.

L’acceptation

L’adolescente ou adolescent réalise qu’elle ou il s’en sort. Elle ou il peut y penser encore, mais en venir à accepter la rupture. Elle ou il reprend confiance en soi et commence à se sentir mieux. Elle ou il retrouve espoir et l’avenir ne lui semble plus aussi sombre.

Les filles et les garçons peuvent parfois exprimer les émotions vécues de façon bien différente. Cela peut aussi être une question de tempérament. Par exemple, certains jeunes vont pleurer plus facilement pour exprimer leur tristesse, alors que d’autres vont avoir tendance à «agir» sur leur peine, par exemple en sortant et en buvant plus souvent avec leurs amies et amis. Cela ne veut pas dire qu’ils souffrent moins. Au contraire, ces différents comportements peuvent nous indiquer qu’ils éprouvent de la difficulté à gérer les différentes émotions que cette peine d’amour les amène à vivre.

Combien de temps durera sa peine d’amour?

L’intensité et la durée d’une peine d’amour varient d’une personne à l’autre et chacune la traverse à son rythme. Nous avons tendance à croire qu’une peine d’amour doit être oubliée au plus vite. Or, il faut prendre un certain temps pour guérir – des jours, des semaines, voire des mois pour certaines personnes. Il est à noter que la détresse reliée à la peine d’amour ne dépend pas de la durée de la relation. Par exemple, une adolescente ou un adolescent pourrait vivre une très grande peine d’amour, et ce, même si la relation n’a duré que quelques jours ou quelques semaines.

Aider son ado en peine d’amour

Il peut être souffrant pour un parent de voir son adolescente ou adolescent souffrir. Pour l’aider, vous pouvez:

• L’accueillir.
• Être à l’écoute sans juger.
• Lui laisser le temps, une souffrance qui dure est souvent difficile à accepter pour un parent.
• Vous mettre à sa place pour voir la peine d’amour avec des yeux d’adolescente ou d'adolescent et non d’adulte.
• Penser à ne pas diminuer la peine qu’elle ou il ressent.
• Éviter les phrases toutes faites («une de perdue, dix de retrouvées»).

Il se peut que votre jeune n’ait pas envie d’en parler. Peut-être qu’il a besoin d’être seul dans sa chambre pendant quelque temps pour vivre sa peine. Si vous voyez qu’il souffre trop et qu’il ne reprend pas le dessus, n’hésitez pas à l’amener vers des ressources: un adulte de confiance, vous-même, une intervenante ou un intervenant de l’école, une professionnelle ou un professionnel, une amie ou un ami proche ou qui compte pour lui. Savoir que vous êtes là, au besoin, l’inviter à ne pas rester seul avec ce qu’il vit ouvrira une porte: quand il sera prêt, il sait qu’il pourra se tourner vers quelqu’un.