Vis ma vie de parent d’adolescent.e

L’adolescence est une période complexe, où il faut composer avec de nombreux paramètres sans manuel d’instructions : on se construit, on se découvre et on affirme son identité, une expérience à la fois – de façon rarement linéaire. Mais il n’y a pas que les jeunes qui vivent l’adolescence à 1000% : leurs parents sont également aux premières loges des fluctuations de l’humeur et du caractère de leur ado, ce qui ne manque pas de créer des surprises, plus ou moins bonnes !

Un monde de contradictions

Les contradictions sont au cœur de l’adolescence – envers soi-même comme envers son entourage. Les parents sont souvent les premières cibles des virages à 360 degrés opérés par leur ado. Bien que difficiles à suivre, ces contradictions sont naturelles et essentielles au développement du jeune.  

« Je suis toujours surprise par sa grande maturité sur certains sujets, et sa grande immaturité sur d’autres ! Aucune zone de gris ! » 

« C’est drôle de voir comme elle veut aller vers l’âge adulte, et qu’elle tend à ça. Mais d’un autre côté, il a tellement de signes qui nous montrent qu’elle est encore une enfant ! C’est vraiment flagrant que l’adolescence, c’est ça : avoir un pied dans deux univers qui ne se rejoignent pas. Bonjour le grand écart ! » 

« C’est dur de trouver sa place avec elle parfois. Elle s’attend à ce que je sois là en tout temps, disponible et présente. Mais je dois lui laisser sa liberté. Mais je dois lui rappeler de faire ses devoirs. Mais je dois la laisser sortir. Au secours, pour vrai. » 

« Ce qui nous surprend le plus, c’est que son attitude peut changer en une fraction de seconde et se rendre d’un extrême à l’autre – jamais entre les deux. Il suffit qu’on ait dit un mot, qu’on ait fait un geste qui ne fait pas son affaire, et d’un coup elle va passer d’une attitude normale à de la colère, perdre toute son empathie. La plupart du temps, on ne sait même pas ce qu’on a pu dire ou faire pour vivre ce revirement total de situation. » 

Bizarre, vous avez dit bizarre?

L’adolescence, c’est la période des transformations profondes et des grands bouleversements, c’est le moment où l’on donne naissance au moi autonome, différent des parents. Cela peut se traduire par des comportements, des attitudes ou un langage qui confrontent les parents.

« Parfois, elle texte à l’infini avec ses copines. Je lui demande alors pourquoi elles ne s’appellent pas, et elle répond « flemme ». Ça, pour moi, c’est incompréhensible. » 

« La chambre de ma fille, c’est vraiment une porcherie. On ramasse des tonnes d’assiettes, il y a tout le temps du linge à terre, ça ne sent pas bon. C’est moi qui aère sa chambre quand elle part le matin. On n’est absolument pas de même ailleurs dans la maison, je ne sais pas comment elle fait pour vivre dans cet environnement ! Et elle me dit tout le temps que c’est pire dans les chambres de ses ami.e.s. Je ne sais plus quoi répondre. » 

« Honnêtement, quand il parle à ses ami.e.s, je ne le reconnais pas. Il dit des mots, avec un ton, voire un accent qu’il n’a pas du tout à la maison. Je laisse faire, mais j’espère qu’il s’exprime mieux avec ses profs! »

Adolescent.e = exaspérant.e

Au-delà des petites bizarreries, la construction identitaire adolescente passe bien souvent par des conflits. Provocations, savoir absolu et yeux au ciel : florilège de ce qui vous exaspère le plus.

« Ce qui me rend folle, c’est l’état de sa chambre et ses petites réponses baveuses de je-sais-tout. » 

« Il marmonne TELLEMENT ! Quand je lui demande de répéter quelque chose qu’il a dit et que je n’ai pas compris, il se fâche, et se tait, ou bien il parle avec sa voix très grave super bas, pour que je comprenne encore moins ! » 

« Je suis parfois vraiment énervée quand je l’entends dire des énormités à son petit frère, ou même à nous. Des affaires qui n’ont aucun sens. Je lui demande si elle se rend compte de ce qu’elle dit, à quel point c’est dur, parfois méchant. Elle ne laisse rien passer à son frère, alors qu’elle sait être tellement bienveillante envers lui à d’autres moments. » 

« Ce qui m’exaspère le plus, c’est de payer leur forfait cellulaire et qu’ils ne me répondent pas quand j’essaie de les rejoindre! Les verres qui s’accumulent dans leurs chambres, les poches de jeans pas vidées quand je fais le lavage… Et plus sérieusement, leur perte d’intérêt envers l’école depuis la pandémie. Ça, c’est dur je trouve. » 

« C’est simple, ma fille a réponse à tout. L’autre jour, je lui ai demandé de ramasser quelque chose, et elle soupiré. Je lui ai demandé si elle réalisait que moi, je passais ma vie à ramasser derrière elle. Elle m’a répondu avec la plus grande décontraction que moi, contrairement à elle, j’avais choisi cette vie-là. Je n’ai même pas su quoi dire. » 

Une foule de bonnes surprises

Les jeunes nous offrent un regard neuf sur le monde, un regard intense et authentique, loin du cynisme et de la lourdeur ambiants. Les adolescent.e.s vivent tout pour la première fois, et c’est fabuleux de les voir aller!

« Je pensais que la confrontation serait inévitable, qu’ils allaient un jour ou l’autre m’envoyer promener, être méchants, se rebeller. Pas du tout! Ils ont testé certaines limites mais sont toujours demeurés respectueux et reconnaissants. Ça se peut et ça me remplit le cœur! » 

« Ma fille est allumée, sensible, volontaire. Elle aime passer tu temps avec moi. On se fait des routines skincare et on rit beaucoup ensemble. C'est comme une amie qui me coûte très cher! » 

« Ce qui m’enchante, c’est d'avoir créé une mini meilleure amie. Quand je passe du temps avec ma fille, je n’échangerai ma place pour rien au monde. J’aime la gâter et lui faire plaisir, m’occuper d’elle, lui donner mon maximum. C’est très gratifiant pour moi. » 

« Notre complicité est fusionnelle. Sa maturité émotionnelle, son empathie, sa compassion et sa compréhension des autres et du monde sont extraordinaires. » 

« Ce que j’adore chez elle? Sa façon de parler de sa passion (la danse), sa gratitude pour ce que l’on fait pour elle, ses démonstrations d’affection. »  

« C’est un excellent grand frère : il prend le temps de l’aider avec ses devoir, de le motiver pour l’athlétisme, qu’ils pratiquent tous les deux… C’est beau à voir. »